Article publié le 28 mars 2016 dans Tahiti infos

PAPEETE, le 28 mars 2016 - Ils sont mis en cause, décriés, portés aux nues,… Les OGM (pour organisme génétiquement modifié) ne laissent pas indifférents. La règlementation concernant les végétaux et les animaux, les semences et produits transformés varie d’un pays à l’autre. En Polynésie, il n’existe aucun texte spécifique. Plus que l’importation sur le marché d’OGM ou de produits contenant des OGM c’est le non-respect du droit à l’information pour le consommateur qui fait réagir.
Interview de la Présidente de la Chambre de l'agriculture et de la pêche lagonnaire de la Polynésie Française au Salon de l'agriculture... mars 2016
Dans une question écrite au gouvernement datée du 27 mai 2015, le groupe UPLD s’interrogeait : "Quelles mesures comptez-vous prendre pour contrôler régulièrement
les teneurs en pesticides des denrées agricoles, quelles soient importées ou produites localement ? Qu’en-est-il des denrées alimentaires contenant des OGM ? Le 15 juin, le président de la
Polynésie française répondait à la première partie de la question, éludant la partie consacrée aux OGM." Le 7 mars 2016, nouvelles questions écrites au gouvernement du groupe UPLD.
La question des organismes génétiquement modifié refait surface : "Quelles sont parmi les produits agro-alimentaires importés, ceux qui contiennent des OGM ?
Quelles garanties offrez-vous aux consommateurs polynésiens quant à l’innocuité de ces produits transgéniques ? De quelle latitude dispose le pays pour interdire l’importation d’aliments
contenant des OGM ? D’où provient le riz que nous mangeons, notamment le riz classé en PPN, est-il transgénique ? " Le Pays a un mois pour répondre à la question. Interrogés, le Service du
développement (SDR), le Département protection végétaux (DPV) ainsi que la Direction générale des affaires économiques (DGAE) confirment qu’il n’y a "aucune
réglementation particulière concernant les OGM sur le territoire". Rudolphe Putoa, chef du Département protection végétaux, délivre des permis d’importation pour les végétaux, les semences
et les aliments pour les animaux. "Il n’y a pas de législation", dit-il. "En pratique, si nous voyons passer un produit
dont on sait qu’il est OGM, nous prenons la décision au sein de l’équipe de le refuser. Nous appliquons le principe de précaution." Officiellement, les produits qui passent par la DPV et
qui sont connus pour contenir des OGM ne franchissent pas la douane.
Impossible de savoir
En Polynésie, 4/5e des produits agro-alimentaires consommés proviennent de l’extérieur. La délibération n°98-189 du 19 novembre 1998 réglemente l’information du consommateur en matière de denrées
alimentaires au moyen de l’étiquetage. Mais rien ne concerne les OGM. Si en France l’étiquetage est règlementé, ce n’est pas le cas de tous les pays (voir encadré). Comment savoir donc si les
produits importés de pays comme les États-Unis ou le Chili qui n’ont pas de réglementation contiennent ou non des OGM ? Impossible.
"La réglementation doit évoluer, nous y pensons", affirme Herenui Chant, du Bureau droit à la consommation à la Direction générale des affaires
économiques (DGAE). "Mais le dossier est complexe. D’abord, si on change la réglementation, nous devrons avoir des systèmes de contrôle à la hauteur. Qui sur le
territoire pour vérifier si un produit est génétiquement modifié ou non ? Par ailleurs, comment imposer un étiquetage sans pénaliser les producteurs locaux ou entraver le libre commerce
?"
Pour l’heure, sur le territoire, aucune certitude aujourd’hui. Les produits labélisés "bio" eux-mêmes n’apportent pas de garantie. En agriculture biologique, un seuil de contamination accidentel
est toléré jusqu’à 0,9%. Les eurodéputés ont voté pour l’abandon de la décertification de produits de l’agriculture biologique contaminés par des organismes génétiquement modifiés (ou des
pesticides, soit-dit en passant).
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